Les critères pour basculer de lmnp à lmp

12 décembre 2025

Homme en costume bleu dans un bureau moderne et lumineux

L’administration fiscale ne s’embarrasse pas de préavis : dès que trois critères précis sont réunis, elle requalifie sans consultation le statut de certains bailleurs. Depuis 2020, la formalité de l’inscription au registre du commerce n’a plus voix au chapitre pour opérer ce changement. Les seuils sont clairs : 23 000 euros de revenus locatifs annuels, et ces recettes doivent dépasser la totalité des autres revenus d’activité déclarés par le foyer fiscal.

Ce changement de catégorie fiscale transforme à la fois la façon de déclarer ses revenus et l’accès à certains droits sociaux. Les conséquences, qu’elles soient financières ou administratives, tombent alors sans délai.

Comprendre ce qui distingue vraiment le LMNP du LMP

Décortiquer la frontière entre LMNP (loueur en meublé non professionnel) et LMP (loueur en meublé professionnel) s’impose à quiconque mise sur la location meublée. Ce ne sont pas seulement deux acronymes : il s’agit de deux univers juridiques, deux fiscalités, deux philosophies pour gérer un patrimoine immobilier.

Le statut LMNP concerne les propriétaires dont la location meublée ne constitue pas la source principale de revenus. Ici, l’investisseur reste dans le giron des particuliers. Le choix se fait entre le micro-BIC (avec un abattement forfaitaire de 50 % sur les recettes) et le régime réel, qui autorise la déduction des charges, l’amortissement du bien et du mobilier. La fiscalité s’avère souvent plus légère, la gestion administrative simplifiée, mais l’exonération d’impôt sur la fortune immobilière (IFI) reste hors de portée.

Basculer sous le statut LMP, c’est passer la ligne : ici, la location meublée prend une dimension professionnelle. Deux conditions : générer plus de 23 000 euros de recettes locatives par an, et s’assurer que ces recettes dépassent tous les autres revenus d’activité du foyer. Une fois ce cap franchi, le loueur meublé professionnel peut :

  • Déduire sans plafond les déficits fonciers du revenu global,
  • Bénéficier, sous conditions, d’une exonération de plus-value immobilière après cinq ans,
  • Être affilié au régime social des indépendants.

La couverture sociale change, le régime fiscal aussi. Les obligations comptables deviennent plus pointues : bilan, compte de résultat, liasse fiscale. Le loueur meublé professionnel doit tenir une comptabilité commerciale, verser des cotisations sociales sur les bénéfices et déclarer sa nouvelle activité à l’administration.

Ce glissement du LMNP vers le LMP n’est pas qu’une modification de statut : il modifie la stratégie patrimoniale, redessine la gestion de la trésorerie et influe sur la préparation des futures ventes immobilières.

À quel moment et pour quelles raisons bascule-t-on vers le statut LMP ?

Pour que le passage du statut LMNP au statut LMP soit acté, deux conditions strictes doivent être réunies :

  • Les recettes locatives annuelles issues de la location meublée dépassent 23 000 euros, toutes taxes comprises,
  • Ces recettes représentent plus de la moitié des revenus d’activité du foyer fiscal.

Le seuil est réévalué chaque année au 1er janvier. Dès que ces critères sont atteints, le passage LMNP-LMP est automatique. Pas de choix à formuler : la bascule s’impose. Ici, « recettes » signifie l’ensemble des loyers encaissés, charges comprises, sur l’intégralité du parc en investissement locatif meublé.

Pourquoi ce tournant ? Parce que la fiscalité évolue, tout comme la couverture sociale. Le loueur meublé professionnel dispose de leviers nouveaux : déficit imputable sur le revenu global, exonération de plus-value sous conditions. Les enjeux patrimoniaux se renforcent, mais le poids administratif aussi.

Certains propriétaires choisissent ce chemin pour optimiser leur fiscalité, anticiper une transmission, ou simplement parce que la croissance de leur patrimoine le rend inévitable. Pour d’autres, c’est la hausse soudaine des recettes locatives qui déclenche ce changement. Dans tous les cas, la question du rendement, de la stabilité des revenus et des contraintes sociales se pose, et le positionnement devient un enjeu central.

Les démarches concrètes pour passer de LMNP à LMP

Passer au statut de loueur meublé professionnel n’est pas une simple formalité. Ce changement s’accompagne de plusieurs obligations dictées par le code du commerce et la réglementation fiscale.

Dès que les seuils sont dépassés, il faut commencer par signaler la modification auprès du greffe du tribunal de commerce. L’inscription au registre du commerce et des sociétés (RCS) devient alors incontournable. La procédure se fait généralement en ligne, via le guichet des formalités des entreprises. Un numéro SIRET spécifique à l’activité de location meublée professionnelle vous sera attribué.

Il est également impératif de déclarer ce changement auprès du centre des formalités des entreprises (CFE). Cette étape permet à l’administration de prendre en compte la nouvelle nature des revenus locatifs et d’activer l’affiliation à la sécurité sociale des indépendants. Il faut anticiper : ce statut entraîne automatiquement l’assujettissement aux cotisations sociales.

Voici, dans les grandes lignes, les principales formalités à accomplir :

  • Signaler la situation au greffe du tribunal de commerce,
  • Effectuer l’inscription au RCS et obtenir un numéro SIRET dédié au LMP,
  • Déclarer le nouveau statut auprès du CFE,
  • S’affilier à la sécurité sociale des indépendants et s’acquitter des cotisations correspondantes.

La gestion comptable change également d’échelle. Le statut LMP impose une comptabilité conforme au régime réel : bilan, compte de résultat, annexes. S’entourer d’un expert-comptable habitué à la location meublée devient vite indispensable pour piloter amortissements, plus-values professionnelles et toutes les obligations déclaratives. Le respect du formalisme conditionne l’accès aux avantages fiscaux et protège contre tout risque de redressement.

Femme au café en extérieur utilisant un ordinateur portable

Impacts fiscaux, avantages et points de vigilance du statut LMP

Basculer au statut LMP rebat les cartes fiscales. Le micro-BIC n’a plus sa place : désormais, le régime réel s’impose, avec une comptabilité plus lourde certes, mais aussi des marges de manœuvre élargies. Les déficits issus de la location meublée professionnelle s’imputent sur le revenu global, sans plafond ni limite de temps. C’est un avantage de taille pour qui supporte des charges supérieures à ses loyers.

La fiscalité sur la plus-value immobilière change également. En LMP, la revente d’un bien s’inscrit dans le régime des plus-values professionnelles. L’exonération devient accessible, sous réserve de cinq années d’activité et tant que les recettes restent sous la barre des 90 000 euros hors taxes par an. Ce dispositif peut alléger significativement la facture fiscale lors d’une cession.

Côté cotisations sociales, la vigilance s’impose. Les revenus générés par la location meublée professionnelle sont soumis à la sécurité sociale des indépendants. Les prélèvements sont généralement plus élevés que les prélèvements sociaux appliqués en LMNP : un paramètre à peser dans le choix du modèle d’investissement.

Voici les principales spécificités à retenir :

  • Déficits imputables sur le revenu global,
  • Exonération de plus-value possible après cinq ans d’activité,
  • Assujettissement aux cotisations sociales des indépendants.

Enfin, le LMP permet, sous conditions, de bénéficier d’une exonération d’IFI sur les biens affectés à l’activité principale. Un outil supplémentaire pour affiner sa stratégie patrimoniale lorsque l’on vise la diversification et la valorisation de son parc immobilier.

Ce passage de LMNP à LMP n’est pas une simple bascule technique : il redéfinit le cadre du jeu, de la gestion au fiscal, et impose une réflexion de fond. Pour qui prend ce virage, c’est tout le rapport à l’investissement locatif qui change de dimension.

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